SOMMAIRE du Numéro 9 :
La vie municipale au 19ème siècle : Deux maires "éphémaires"
Architecture rurale : "Vieilles pierres à Bois le Bon"
Mots croisés : "la grille à Suzanne"
Hommage en l'honneur du gendarme Paul Fergeault
Poême : "Je n'avais qu'une soeur et voilà qu'elle est morte"
La vie municipale au 19e siècle
DEUX MAIRES « ÉPHÉMAIRES »
Guy PUAUD
Belleroche peut être considéré comme le sixième maire de Saint-Sauvant puisqu’il devint le second président de la municipalité cantonale en 1797 et qu’il resta en fonction, comme maire à nouveau, sous le Consulat et l’Empire, jusqu’à son décès en 1814.
Il eut une excellente idée de mourir le 7 avril 1814, quatre jours avant l’abdication de Napoléon. Il marque ainsi la fin de la longue période – Révolution-Empire – où il fut le personnage le plus influent de Saint-Sauvant. En 27 ans, des débuts de la Révolution à la fin du Premier Empire, Belleroche fut le principal magistrat de la commune pendant pas moins de 23 ans.
Les deux maires que nous présentons aujourd’hui l’ont été peu de temps chacun. Ephémères, on peut les qualifier d’« éphémaires ».
7. François PIERRON, maire
de la Première Restauration (1814)
Cinq mois pour trouver un maire…
Le retour des Bourbons ne sera que de courte durée : Louis XVIII entre à Paris le 3 mai 1814 et en repartira le 20 mars 1815.
Pas facile de trouver un maire dans ces temps de grande instabilité politique, et notamment à Saint-Sauvant où le roi n’a guère de partisans. Le 10 avril 1814, le préfet nomme Junien Lévesque, percepteur et membre du conseil municipal, délégué pour remplir la fonction de maire jusqu’à ce qu’il ait été pourvu au remplacement du sieur Belleroche.
Le 13 mai, le préfet nomme maire Jean Hilaire Bonnet, propriétaire au bourg, tandis que François Pierron est nommé adjoint. M. Bonnet décline l’offre du préfet.
… qui ne sera en fonction que huit mois
En conséquence, Junien Lévesque assurera l’intérim jusqu’au 25 septembre où, enfin, un maire est nommé et accepte : François Pierron, assisté de Louis Souché comme adjoint et de huit conseillers municipaux :
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René Bruneteau François Faity Jacques Martin Jean Souché. |
Il aura fallu presque cinq mois pour donner un maire à Saint-Sauvant qui ne sera en fonction que huit mois. Son mandat n’a pas survécu au retour de Napoléon, pour les Cent-Jours.
L’ancien commis à la forêt nationale
Donc, le 25 septembre 1814, François Pierron est nommé maire.
Qui est François Pierron ? Qu’a-t-il fait avec son conseil municipal en seulement huit mois de fonctions ? Les lacunes des archives très importantes à l’époque, ne nous permettent pas de vraiment répondre à la seconde question.
François Pierron, prénommé Jean François à l’état civil, habitait alors le bourg, après avoir été toute sa carrière, ce que nous dirions aujourd’hui le « garde forestier » de la forêt de Saint-Sauvant : « commis des Bois du Roy » sous l’Ancien Régime, « commis à la forêt nationale » pendant la Révolution. Avec sa femme, Marie Pineau (à partir de la Révolution elle se nommera Magdeleine), ils habitent successivement « la Petite Oye », et « les Loges de cette paroisse » (de Saint-Sauvant).
François Pierron est maire à 59 ans. Né le 9 mai 1755 à Oradour Fanais, diocèse de Limoges, aujourd’hui au nord-est de la Charente. On le connaît à Saint-Sauvant depuis le baptême d’un premier enfant né dans cette commune, Claude, le 11 mars 1784. Le couple aura trois autres enfants, avant la Révolution, Jean François Louis en 1785, Marie en 1787 et Pierre François en 1788. Le couple devait être catholique car tous ces enfants sont baptisés par le curé prieur François Cherbonneau.
Un cinquième enfant, qui ne vivra que neuf mois, naît fin janvier 1794. Les opinions révolutionnaires de François Pierron lui ont fait prénommer ce fils Décady le 11 pluviôse an 2. Il avait dû tout simplement s’appuyer sur le calendrier révolutionnaire – cas très rare à Saint-Sauvant où l’on ne connaît que trois autres enfants ayant reçu des prénoms révolutionnaires.
Pendant la Révolution, le citoyen François Pierron, est époux de Magdeleine (et non plus Marie) Pineau (c’est sans doute la même).
Qu’a fait ce maire François Pierron avec son conseil municipal ? On n’en sait rien, tant les archives de cette époque sont lacunaires. On sait simplement que le mandat de François Pierron, n’a pas survécu au retour de Napoléon, pour les Cent Jours, et qu’il fut remplacé par l’élection de Me Bordier, notaire, le 22 mai 1815.
Retiré dans le bourg
« Le sieur Jean François Pierron » habite le bourg en 8 décembre 1812, date d’un second mariage. Veuf de Magdeleine Pineau, il épouse une protestante du village du Parc, Marie Nicolas, baptisée au « désert » par le pasteur Gamain.
C’est encore le « Sieur Jean François Pierron, propriétaire dans le bourg » qui meurt à son domicile le 17 juin 1829. Il a alors 74 ans.
François Pierron a quitté la forêt pour se retirer dans le bourg. Son fils Charles, qualifié de « marchand de bois » l’a remplacé à « la Hutte de la Forest »..
8. Pierre Louis BORDIER,
maire des Cent-Jours (1815)
Maire pendant … 1 mois et demi
Encore plus éphémère – « éphémaire ! » – que son prédécesseur, Pierre Louis Bordier ne sera en place qu’un mois et demi. Nouveau notaire de Saint-Sauvant, Me Bordier, arrive à la mairie par une élection, le 22 mai 1815, deux mois après le début du dernier règne de Napoléon rentré de l’Ile d’Elbe.
Une élection pour un maire ! Il y a longtemps qu’on n’avait pas vu çà, pas depuis que Bonaparte avait supprimé les élections municipales après son coup d’Etat du 18 brumaire (1799).
Là, aux Cent-Jours, pour se gagner l’opinion, il rétablit les élections municipales. Le maire n’est plus nommé par le préfet, comme ce fut le cas depuis 15 ans, mais élu.
Ainsi, Pierre Louis Bordier devient maire de Saint-Sauvant le 22 mai 1815, avec 123 suffrages sur 152 votants. François Demellier est élu adjoint par 71 voix sur 131 votants. L’élection se déroule au presbytère, car la mairie, sous les halles, est alors trop petite pour réunir « l’assemblée primaire ». Sont membres du conseil municipal :
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Louis Souché René Bruneteau Jean Souché Junien Levesque |
« Fédéré et protestant »
Une petite note (d’origine policière ou préfectorale ?), dont on ne connaît pas l’auteur, non datée mais un peu postérieure, nous donne deux traits de ses opinions : « M. Bordier, notaire, a beaucoup de connaissances, mais il est fédéré et protestant ». Deux raisons suffisantes pour que son mandat s’arrête avec les Cents-Jours.Napoléon abdique une seconde fois le 22 juin 1815. Quinze jours plus tard, le 7 juillet, Louis XVIII, remonté sur le trône, prend une ordonnance décrétant que les élus locaux n’on plus de fonction légale. Le 16 novembre 1815, le préfet nomme René de Reveau de Saint-Varans, maire … « en remplacement de M. Pierron » ( !) Comme si le maire des Cent-Jours n’avait jamais existé !
On ne sait rien de ce qu’a pu faire le maire Bordier, pendant ce si court mandat.
On sait peu de choses sur Pierre Louis Bordier. Ses actes de notaire nous indiquent qu’il exerça à Saint-Sauvant du 7 août 1814 au 4 avril 1830, quinze jours avant son décès, dans le bourg, le 20 avril. Il a alors 44 ans, ce qui le fait naître en 1786 et démarrer à son étude de Saint-Sauvant à l’âge de 30 ans. Il demeura célibataire.
Fils de Louis Bordier, propriétaire et de Louise Elisabeth Albert, mariés à Pamproux en 1784, il est le neveu de André Bordier, également marié à Pamproux qui fut conseiller municipal de Sanxay de 1803 à environ 1813 et qui déclina le poste de maire de Sanxay. Les grands parents de Pierre Louis étaient originaires de Saint-Lin.
Cohabitation municipale
Il ne laisse pas beaucoup de traces de son mandat de maire dans les registres d’état civil. Au cours de son mois et demi de fonction, on ne trouve que quatre fois sa signature pour autant d’actes de naissance. Curieusement, alors que Bordier est maire, Pierron continue de signer tous les actes de mariages et de décès en ajoutant le mot « maire » à sa signature. Curieuse cohabitation communale !
Si l’on ne connaissait pas, par les archives départementales, les dates précises de nomination ou d’élection de l’un et de l’autre, on n’y comprendrait plus rien : deux maires en même temps !
A lire les registres d’état civil, on découvre que Pierron reprend du service entre juillet et novembre 1815, date de la nomination de René Revau de Saint-Varans. Comme si Bordier n’avait jamais été maire, « Pierron, maire », signe à nouveau tous les actes. S’est-il autoproclamé maire au retour de Louis XVIII ? A-t-il eu des consignes préfectorales ?
On pourra noter, pour illustrer cette cohabitation communale, que les huit conseillers municipaux de l’équipe Bordier étaient tous de l’équipe Pierron. Seul François Demellier, adjoint, est nouveau.
Xavier Bernard..- Deux erreurs se sont glissées dans notre article Xavier Bernard : l’agronome et Saint-Sauvant. :
Page 5, note 1.- La mère de Gabrielle Nivelle ne se nommait pas Eugénie Minault, mais Eugénie Amiault.
Page 6, note 2.- Il fallait lire : Avec notamment les informations communiquées par M. André Sabourin, ancien collaborateur de Xavier Bernard.
Deux prisonniers oubliés.- Dans la liste des prisonniers de la guerre 1939-45 originaires de Saint-Sauvant, publiée dans la Boulite n° 8, nous avons fait deux oublis. Nous prions leurs familles et nos lecteurs de nous en excuser.
- Dancre Ulysse le Bourg - Agriculteur - Vivant actuellement à Lezay
- Tanneau Henri - Chiré - Agriculteur
Arlette DOMINEAU
C’est au début du printemps qu’il est le meilleur, quand le poireau et les salades commencent à peine à monter en fleur ; il faut y penser à l’avance : chercher la marmite, les gamelles et …la poche à farci, c’est un filet de coton bis qui enveloppera le farci pour la cuisson.
La veille, il faut cueillir, à la fraîche, les herbes du jardin : poireau, salades, bettes, chou frisé bien pommé de préférence, et enfin, l’oseille, le persil et les fines herbes : que de bonnes choses !
Tout d’abord choisir le bon morceau de lard salé : pas trop maigre, ce lard qui ne fond pas à la cuisson, qui reste ferme sous la dent et prend ce petit goût de noisette parce qu’il a bien vieilli dans le saloir durant l’hiver.
Le mettre à dessaler dans un plat assez large pour qu’il "dégorge" le sel en excédent. Puis, l’égoutter et le couper en dés.
La grande marmite ventrue, ronfle déjà dans l’âtre de la cheminée, elle réchauffera l’eau pour laver les feuilles du farci. Belle nature morte de verdure, le grand panier est rempli jusqu’à l’anse !
Il faut passer ça, feuille à feuille, pour ne pas laisser de chenille, de limace ou d’escargot clandestin : imaginez, une coquille sous la dent, quel déshonneur pour la cuisinière ! Une "sans goût", qu’a laissé dô loches dans son farci !
Près de la citerne, les feuilles sont lavées, essorées par poignées, empilées soigneusement dans une large "basse" peu profonde où elles s’égouttent ensuite.
L’étape suivante est plus longue, il vaut mieux prévoir de s’asseoir : Grand mère s’installait sur son petit banc, une chaudière devant elle, elle la remplissait petit à petit de ces fines lanières de salades, bettes, de chou émincé…
Le poireau, les côtes de bettes, joutes à farci, grossièrement coupés en gros dés, ne s’écraseront pas à la cuisson.
Les lapins mangeront les côtes du chou, comme les feuilles déchiquetées par les chenilles ou les escargots.
C’est un plein chaudron de verdure qui s’amoncelle dans les odeurs du printemps.
Les dés de lard, quatre cuillérées de farine, un bon bol de crème épaisse, six œufs et c’est alors que le tour de main s’exprime pour effectuer le brassage ample des divers ingrédients : incorporer ces produits si divers, saler, poivrer, épicer, de façon aussi homogène que possible…Laisser reposer. Ouf !
Préparer le "maillot" du farci : opération délicate, les anciens le comparaient à un nouveau né emmailloté !
Dans un grande cuvette émaillée, la poche à farci est étalée, elle déborde amplement tout autour.
Il faut maintenant préparer le fond du lit : on enlève, en prenant soin de ne pas déchirer les feuilles, la grosse nervure de chou vert, on ébouillante pour les ramollir : on tapisse le fond de la poche dans la cuvette, il ne faut pas hésiter à croiser les feuilles pour assurer l’étanchéité de cette enveloppe. Elle débordent largement de la cuvette, elles recouvriront la préparation en place.
Et bien, c’est presque fini, cela fait près de deux bonnes heures que l’on ne pense qu’au farci et il n’est pas encore au feu !
La marmite ronronne à la crémaillère, elle est à demi pleine d’eau salée, il faut attiser le feu pour accueillir le farci dès qu’il sera emmailloté dans son filet.
Un dernier tour de mains pour s’assurer que la préparation est homogène, que les herbes sont bien mouillées de farce : les mains extraient, tassent soigneusement ce mélange végétal pour en sculpter une belle boule régulière, bien ronde, sous les feuilles de chou, dans le filet resserré et noué. Le chef d’œuvre s’achève, comment supportera-t-il la cuisson ?
C’est le moment délicat : plonger lentement le farci sans faire déborder l’eau, sans éteindre le feu, revenir à ébullition le plus rapidement possible : les œufs pourraient sortir dans l’eau de cuisson.
Maintenir le feu vif, deux à trois bonnes heures durant.
Souffler un peu ! pas longtemps, il y en a partout : des gamelles et des seaux, des cuillères, et de l’eau, de la farine, des feuilles…Il faut nettoyer la vaisselle de la préparation car le repas est vite arrivé.
C’est l’heure de vérité : " Est-il bien réussi mon farci ? "
Le feu s’apaise, la marmite fume encore et l’eau a bien baissé, il faut sortir la "poche" lourde de cette farce verte, odorante, molle et bouillante.
A l’aide du crochet de l’écumoire, on saisit le nœud du filet et d’un geste appliqué, le farci s’élève dans la vapeur de la marmite.
Dans le grand plat creux, il "s’ébouillante" un peu, s’affaisse et reste rebondi.
Le filet dénoué est écarté, retiré avec soin pour ne pas défigurer le farci. Les "drapiâs"…les langes du farci, les dernières feuilles de chou molles et trop cuites sont écartées avec mépris !
Et, là, comme un mets sacré, le plat fumant et parfumé trône sur la table rustique, on l’entame en quartiers tendres et si goûteux que les citadins ne comprennent pas toujours notre engouement pour ce "pâté vert".
Et bien, ce pâté vert, il pouvait se déguster froid, le lendemain, au déjeuner ou pour le pique-nique…
Les jours suivants, l’omelette au farci trônait encore avec honneur sur la table des travailleurs.
Ce savoir-faire des ancêtres, transmis de génération en génération, nous a longtemps réjouis et le jour du farci frais, bouillant sur la table est toujours un jour de fête !
Aujourd’hui encore, nous lui laissons bonne place sur nos tables, mais où est l’odeur de la marmite ?
La poche au farci. Quand elle était suspendue à sécher, au porte poêle au montant de la cheminée, c’est qu’elle venait de remplir sa mission et qu’un rinçage, dans l’eau bouillante de vaisselle, l’avait rendue apte à un prochain service. Mais, là où elle était le plus apprécié, n’était- il pas lorsque les mailles tendues de la résille enserraient encore les feuilles de choux verts sous la pression du savoureux mélange trituré et lié après la cuisson !
Architecture rurale
VIEILLES PIERRES A BOIS-LE-BON
avec Michel BUSSEREAU et Jean-Paul BARROT
« R’gardez donc tchau mur, comme ol ét bin aligné ». Michel Bussereau, l’ancien maçon, est toujours en admiration devant la « belle ouvrage » que les maçons d’autrefois ont su réaliser dans son village de Bois-le-Bon. Il vous conduit ainsi, de maison en grange, de toit en toit, pour vous faire partager son goût du travail bien fait dont l’architecture rurale de Bois-le-Bon témoigne encore. Il nous décrit ici quelques techniques du métier à partir de quelques belles photos de Jean-Paul Barrot. Découvrons, avec nos deux guides, les vieilles pierres de Bois-le-Bon (surtout dans la partie de Saint-Sauvant).
Le gars Michel est né à l’autre bout du village, dans les Deux-Sèvres, en 1937. Fils de maçon, il démarre avec son père à 14 ans. Apprenti de 1951 à 1954, puis ouvrier maçon chez son père, il s’installe à son compte le 1er janvier 1978 à la suite de son père. Entre temps, en 1966, il vient habiter, avec Thérèse sa femme, à l’ancienne école du village. Artisan maçon jusqu’à sa récente retraite, il a travaillé avec un ouvrier, des apprentis et des stagiaires de temps en temps.
La « jolie maçoune »
« Ol ‘tait d’la jolie maçoune », ne cesse de répéter Michel Bussereau à la vue de ces vieux murs aux couches de pierres plates bien alignées. « L’ont dû en passer du temps pour faire tchau mur ; l’étiont pas payés au mètre cube ! », dit-il devant le mur de la grange à Gilbert Ecault. Des murs faits de « piatis de pays (petites pierres plates) et de quéques grousses pierres mélangées ».« Les murs étiont faits de pierres et de terre mélangées. Toutes nos maisons étiont faites de mînme. A teniont debout quand mînme, nos maisons. »
La pierre de Bois-le-Bon
Les maisons et les bâtiments de Bois-le-Bon sont faits avec la pierre de pays, « une pierre très très dure, dure comme tout et qui ne gelait pas. » La pierre de Bois-le-Bon. « Y’avait une carrière aux Perrères, aussitôt passé le village à droite. L’en tiriont aussi à la Petite Chaume, en allant sur Donné ».
Un vieux tailleur de pierres de la Teillée, un Minault, venait sur place tailler la pierre pour toutes sortes d’usages : angles de portes et de fenêtres, coins de maisons, palantrages (linteaux), bassées (mangeoires), timbres (abreuvoirs). « Ol ‘tait de la grousse pierre, ol ‘tait daux rocs. Le taillait tout çà la-dedans ».
C’était avant le parpaing et le béton. « Aujourd’hui, o s’fait pu. Ou ol ét rare. Si on veut faire un beau mur, on le fait en parpaing et on colle des pierres devant. Les palantrages sont en béton ou en pierre reconstituée. »
Témoignages de la petite culture
Bois-le-Bon est – avec Donné – un des rares villages de la commune à avoir gardé ses vieilles pierres. On y trouve encore le tét’ au goret (le toit au cochon, qui témoigne de l’époque pas si lointaine où chaque famille élevait son cochon), le tét’ aux poules, l’écurie aux vaches (on ne parlait jamais de l’étable), l’écurie aux chevaux.
L’escalier extérieur qui conduisait au fenil ou au grenier était en pierres, comme le poteau qui soutenait la barrière, comme la margelle du vieux puits ou de la citerne.
Toutes ces vieilles pierres si bien travaillées par les maçons d’autrefois, témoignent de l’époque de nos grands parents, tous cultivateurs sur des petites fermes.Leur maison basse était parfois couverte de lauzes, que Bois-le-Bon a perdues ces dernières années.
Sur la maison, le grenier. Dans la cour, la grange, les écuries.
Tout témoigne à Bois-le-Bon de la petite culture, de celle d’avant le tracteur et le machinisme agricole.
LE MUR DE LA GRANGE EST CHEU !
Arlette DOMINEAU
Chez nous, le savont c’qu’ol’ét que daux chails*, et l’savont étou qu’ol’ét pas rin à maçouner. Ol’a ni forme ni rin, ol’ét dur à queurver, daux creux et daux bosses peurtout…
Alors, peur faire daux murs solides, o n’en faut tout piun.
Mais chez nous, ol’ét pas un problème : le manquont pas, les champs roughes en ont-eils pas tout le temps eu ?
Les grous sont rendus dans les palisses, les p’tits ont servi à ferrer les chemins peur remplir les gasses et les rouins de charrettes.
Et peur les vieilles maisins, les bâtiments, tout ce qui n’était pas bin hât, les murs épas n’aviont que daux p’tites boulites et l’étiont maçounés à l’ancienne.
Le morté était fait de terre roughe gueurlayée et pelletaïe avec de la châ bianche sû une tôle avec dau sablle et l’eau d’la citerne.
Les échafaudaghes ne posiont pas de problèmes de transport, pace que les perches de châtaignier ne manquiont pas : on les mettait sû piace, à dimensiun au fur et à mesure.
Les cordes bin riortaïes fixiont les plats-bords. Les échalles, faites à la main, se passiont d’une maisun à l’autre quand on en avait besin.
Sûr qu’ol’ tait tout un’ événement que de bâtir ! Ol’ tait pas rin !
Les « normes de sécurité », que l’disont, n’étiont pas core rédigées, mais o f’lait redoubller de vigilance, rester conscient des dangers.
Alors, quant’ le mur de la grange a cheu, l’étiont pas courants les maçons qui saviont faire coume aut’foué, « radouber est souvent pû difficile que de faire à nû ».
De tchô lin, o y’avait Arthur Gusseau, dau Coudré, qui gardait la main ; li qui en demeurant sû la pierre (calcaire) daux Molles tenait à garder le caractère daux p’tites maisins de chez nous.
Le savait les m’ner les jheunes de sa voix douce et riante : « Oh ! l’o f’ront bè tchés drôles ; le sont jheunes peur apprendre ! »
Pierrot était apprenti quant’ le mur s’ét remonté et , avec les p’tits voisins, l’s’en sont dounés peur réussir « la colle » et la monter avec « l’osia » à l’épaule. Fallait déjhà ét’ costaud.
Claude était déjhà grandet et sérieux, ol’ét li qui tirait la corde de la poulie peur monter les seillas de chails.
Les chails, Arthur les choisissait, les soulevait de sa main gauche, les observait et qaunt’ un silex était trop « ribossou »**, d’un coup de marteau, le l’mettait à dimension.
Le fil à plomb et les cordeaux suiviont les opérations au chail près. Et petit à petit, la brèche béante se refermait.
Faut avouer que le travail a été bin fait. Le mur n’a pas flanché dépis quarante ans.
Bravo, ol’ tait de la belle ouvraghe !
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* Les chails, pour ceux qui ne seraient pas du terroir, sont des formations siliceuses, concrétions très difformes que l’on rencontre dans les argiles rouges à châtaigniers, limons du tertiaire déposés sur des calcaires du Jurassique. Ce sont des silex dont le cortex épais reste clair ou teinté d’oxydes ferriques des limons où ils se sont formés.
** Les silex sont très irréguliers : les trous, les creux et les bosses se côtoient au hasard de la concrétion ; ils sont ribossoux, biscornus comme des éponges dont les squelettes de spicules siliceuses ont généré la matière première des chails.
Traduction partielle et sommaire :
Chez nous, ils savent ce que sont les chails ; ils savent aussi que ce n’est pas facile à maçonner. Cela n’a pas de forme régulière ; c’est très dur, des trous et des bosses partout.
Pour faire des murs solides, il en faut beaucoup, mais chez nous ce n’est pas un problème, ils ne manquent pas et les champs rouges en sont garnis.
Les gros sont arrivés dans les haies, les petits ont servi à consolider la chaussée des chemins en remplissant des flaques et les ornières des charrettes.
Dans les vieilles maisons, les bâtiments, tout ce qui n’est pas trop élevé, les murs épais n’avaient que de petites ouvertures et étaient maçonnés à l’ancienne.
Le mortier était fait de terre rouge passée à la grille, avec de la chaux vive brassée à la pelle sur une tôle avec du sable et l’eau de la citerne.
Les échafaudages ne posaient pas de problème de transport parce que les perches de châtaigniers ne manquaient pas ; on les sciait sur place, à bonne dimension.
Les cordes bien attachées fixaient les plats bords. Les échelles, faites à la main, se passaient d’une maison à l’autre quand on en avait besoin. Parce que c’était un événement que de faire bâtir.
Mais quand le mur de la grange s’est éventré, ils n’étaient pas courants les maçons qui savaient remonter les murs à l’ancienne mode. Réparer est souvent plus difficile que construire à neuf.
Dans la contrée, il y avait Arthur Gusseau, du Coudré, qui gardait le savoir-faire bien que demeurant sur la pierre des Molles.
Il savait les conduire les jeunes de sa voix douce et riante : « Oh, ils seront capables ; ce sont des jeunes et ils vont apprendre »…
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Les mots de la grille sont écrits en français
L’utilisation du dictionnaire est permise.
De gâche à drète
I - Un’ endret voure qu’on va beuiller dans le nègre même si l’a été inventé peur daus « LUMIERE ». - Goupil bleu dau grand nord ( on voué souvent tchau mot dans les grilles…de mots croisés. II - Douné de l’odeur ou dau goût ou les deux. - Baudet même si l’est pas dau Poitou. III - Le passe de pus en pus vite à mesure qu’on vieillit, t’o pas vrai ? - Sigle d’une terrible maladie contagieuse dau monde entier. - Facteur à pas confondre avec tchau qui nous apporte le courrier. IV - A la mode. - o peut être la pêche, la peinture, la broderie ou le violon…d’Ingres. - Tchau qu’est d’même est pas malade. V - Aut’foués peur faire queurver les loches (souvenez-vous le n° 2 dau printemps 2002). – Fin d’infinitif. – Tchelle à pépé était éternaïe quind le s’était rasé. VI – Serguaï Aleksandrovitch…Ah mais! Disons qu’ol est un poète russe. - Peur bouère, peur se laver, peur arrouser, mais de pus en pus rare dans certains endrets. VII – Complimenté queuqu’un sus c’que l’est ou sus c’que l’a fait. – Quatre. VIII - Lettre grecque déterviraïe. – ol est comme tcheu que l’app’lont la mer en Angleterre. – Plante à fleurs jaunes dans les jachères. IX – Rendis certain sans nul conteste. - Sigle militaire ou politique. X – Avec mes excuses, i dirai qu’ol est de la m…- Ol est tcheu qu’a écharogné le Titanic dans la neut dau 14 au 15 d’avreuil en 1912. XI – Chaline. - Métal, et même qu’ol est pas de la gnognotte. - Appeler sa bounamie si on est un cerf. – XII – Piment de couleur pabou peur douner de la couleur à certains feurmaghes. – Serpent à lunettes. – Saint de Bigorre en 65. XIII – Issu – 2ème note de la gamme. – Daus gars prêts à tout, même dau pire, par aveugle obéissance.
De hât en bas
1 – (en) avec la volonté de ne pas être découvert : en douce comme qui dirait. – p’tit gars de l’armée qu’a une folle envie de sardines. 2 – Evêque de Lyon en 178. – Tchau qui c’mande…ou qu’o cret à tout le moins. 3 – Ol a le p’tit, le propre, le commun et tchau de famille. – Sigle de l’ancêtre dau transistor : à galène peut-être ? – Ecrit ou dessiné sus dau papé et même en l’air. 4 – (avec) d’une manière ampoulaïe en causant. – Le ponant de l’Afrique : capitale Lomé. 5 – Tchau qu’aime se faire dau mâ ou le subir. – là voure que William a situé Hambert au Danemark. 6 – Le tout début de l’attention. – Si a sont «…oui-oui », ol est qu’a disont amen à tout. 7 – L’état de ce qu’est embrené au propre comme au figuré. 8 - …les Moulineaux peut-être ? – La couette à un ovni. – Boulettes de morue. 9 – De table ou de tennis. – ou de tennis de table. – Aillous qu’à Cambrai ol est sûr (singulier) – Pronom personnel qui me concerne. 10 - Son féminin. – 2 lettres qu’on écrivait aut’foués sus une enveloppe peur épergner un timbre. – Résidu pâteux de la distillation de la houille ou dau pétrole. 11 – Moulin à venter. – Si on s’en fout un coup dans l’eau, o sert pas à grand’chouse, putou bé à rin. 12 – Arrêtai totalement toute réaction chez queuqu’un. – Bin boune à la chandeleur ou à d’âtres mouments étou. 13 – Personnel. – Qu’a pas core servi. – Matière daus pots à gratin.
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Solution
Hommage
EN L’HONNEUR DE PAUL FERGEAULT
Jacqueline CZERWINSKI
Cérémonie officielle, empreinte d’émotion et de recueillement en avril : la remise de képis à la 316ème promotion de l’Ecole de Gendarmerie de Châtellerault a choisi comme parrain le gendarme Paul Fergeault, ancien de la brigade de Lezay et victime nazie pendant la seconde guerre mondiale, en avril.
Par le choix de ce parrain, la 316ème promotion a voulu honorer les actes de bravoure de celui qui, au péril de sa vie, a préféré s’engager dans la bataille plutôt que de rester affecté au service du Territoire. Et c’est sur les lieux mêmes de ces actions que se sont déroulées les différentes cérémonies. A Vaugeton, allocution et dépôt de gerbe par les autorités. Au cimetière, dépôt de gerbe par Roland Géraud, maire de la commune et Robert Viaud, premier adjoint.
Elèves-gendarmes, gradés et officiels se sont regroupés ensuite autour du monument aux Morts où s’est déroulée la cérémonie de remise des képis. En présence du chef de cabinet du préfet, du commandant Houisse, du conseiller général, du maire, de nombreuses personnalités et représentants des associations d’anciens combattants et médaillés militaires, de très nombreux porte-drapeaux, les élèves-gendarmes ont évolué sous les ordres du colonel Daniel Wahl, commandant l’Ecole de Gendarmerie de Châtellerault, du capitaine Alain Grellier, commandant la 4ème compagnie de la même école. La gendarmerie était représentée par le commandant de la compagnie de la même école. La gendarmerie était représentée par le commandant de la compagnie de Poitiers, le commandant de la communauté de brigades de Lusignan, le commandant de la brigade de Lezay.
Le temps fort de la cérémonie a été le moment où les présidents de peloton et adjoints ont placé leur bonnet de police dans une poche du treillis pour être coiffés par les autorités et cadres du peloton de leur képi respectif.
L’ensemble des élèves-gendarmes a ensuite entonné le « chant des marais » avant de défiler dans les rues du bourg, sous les yeux des saint-sauvantais marqués par une telle manifestation.
Discours prononcé par Monsieur le Commandant FOURCADE, le 13 avril 1947 à l’inauguration de la plaque commémorative en mémoire du Gendarme FERGEAULT.
Le 27 juin 1944, à la suite d’un engagement entre les Forces du Maquis et la Police allemande de sûreté, dans la forêt de Saint-Sauvant, 31 soldats des F.F.I. étaient capturés et fusillés ; parmi eux, se trouvait le gendarme FERGEAULT, de la brigade de Lezay.
La Direction de la Gendarmerie a voulu rendre un suprême hommage à sa mémoire en décidant de dénommer la caserne de gendarmerie de Lezay « Caserne FERGEAULT ».
Né à Latillé, le 7 mai 1914, FERGEAULT, après une jeunesse studieuse, effectue deux ans de service militaire au 21ème Régiment d’Infanterie Coloniale. Il est nommé Caporal-Chef en 1937. En 1938, à l’âge de 24 ans, il passe dans la Garde et est affecté à Ancenis comme élève Garde, puis à la 22ème Légion de la Garde Républicaine Mobile, à Drancy, dès qu’il est titularisé. Il se met au travail et est reçu à tous les examens. Il obtient en 1939 le Certificat d’Instruction Spéciale et le brevet de Chef de Groupe, et au début de 1940, le brevet de Chef de Section. Il espère alors rejoindre une formation engagée, cependant son unité reste affectée au service du Territoire.
Après la défaite, il demande à entrer dans la Gendarmerie et obtient sa mutation dans l’Indre-et-Loire, à la brigade de Rivarennes. Mais il désire surtout se rapprocher de son pays natal et, en juillet 1943, il est affecté à la brigade de Lezay. Une de ses premières visites est pour le lieutenant DEBIAIS, de Saint-Sauvant, camarade de lycée, qui s’emploie activement dans la Résistance. Il lui offre ses services et demande à être averti dès que sa présence dans les rangs F.F.I. sera utile. En attendant, il place des réfractaires et conserve la liaison.
Le débarquement allié se produit. On a bien dit à FERGEAULT qu’il pouvait rendre des services à son poste où il avait un rôle intéressant à jouer ; il veut rejoindre les F.F.I. Le camp de Rouillé est libéré. Cette fois-ci, il veut partir ; et au lendemain de cette action en faveur des internés, il se présente au Lieutenant DEBIAIS, afin qu’un emploi, n’importe lequel, lui soit donné. Un Groupe lui est confié, et il campe dans la forêt, avec ses camarades de combat et une partie des internés libérés. Il a ainsi délibérément choisi cette vie dangereuse. L’ennemi est encore le plus fort, mais il sent que sa puissance s’effondre un peu partout et pressent la défaite.
Sa rage alors se déclare, et partout en France il tue, pille, brûle. FERGEAULT sait tout cela ; il accepte ces risques, qui, hélas, vont se révéler terribles pour lui et ses compagnons.
Le 27 juin, dès l’aube, la forêt de Saint-Sauvant est cernée par de très importantes troupes ennemies qui vont bientôt entrer en contact avec le Maquis. La fusillade crépite, l’ennemi subit des pertes. Les munitions sont épuisées, le Groupe FERGEAULT est fait prisonnier. Et tous les hommes qui avaient respecté, eux, les lois de la guerre, puisqu’ils avaient laissé la vie aux prisonniers qu’ils gardaient, sont conduits au carrefour de Vaugeton, où pendant 12 heures ils vont subir un traitement que je ne rappellerai pas, afin de ne pas raviver la douleur de leur famille.
Vous avez tous, hélas, trop lu et relu des scènes semblables.
A 18 heures 30, ils sont tous fusillés.
Ce sacrifice a été gravé dans la pierre des deux monuments qui se dressent à ce carrefour.
Sur ces monuments que les populations ont voulu élever, en témoignage de leur douleur et de leur admiration.
Aujourd’hui, nous honorons la mémoire de FERGEAULT, en inaugurant la plaque qui rappellera son sacrifice et qui rappellera aussi aux habitants de Lezay, le nom d’un bon serviteur du pays.
Nous honorons sa mémoire ; car il était un soldat et la gendarmerie est fière de lui.
Mais nous demandons, lorsque la plaque sera découverte et que nous observerons une minute de silence, d’associer dans votre recueillement, en souvenir de FERGEAULT, le souvenir de ses compagnons, soldats sans uniforme, morts avec lui pour la libération du pays.
Nous assurons de toute notre sympathie, de notre dévouement et de notre profond respect les membres de la famille FERGEAULT qui assistent à cette cérémonie
PETITS JEUX
- Bravo à tous ceux qui font revivre la petite commune de Saint-Sauvant qui est ma commune natale. Un grand merci pour toutes ces rubriques si diverses et qui nous apprennent bien des choses.Pour agrémenter un peu le contenu, je vous propose quelques petits jeux de logique et de calcul.
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La chèvre, le loup et les salades
Comment un paysan va faire traverser une rivière à : une chèvre, un loup, un cageot de salades sans que l’un ne mange l’autre ?
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L’âne et les mouches
Benoît et son jeune cousin Fabrice rendent visite à Jérôme. Fabrice s’ennuie, et se dirige vers l’écurie, où se trouve Iversaire, le joyeux âne et des mouches !
Fabrice s’assied dans un coin et s’amuse à compter…Toutes bêtes confondues, il dénombre 51 têtes et 300 pattes. Combien d’ânes Jérôme a-t-il dans son écurie ?
Rémy POTHET, Limoges
Réponse aux jeux
La chèvre, le loup et les salades
: Le paysan traverse d’abord avec la chèvre, revient seul, traverse avec le loup, revient accompagné de sa chèvre puis, traverse avec le cageot, revient seul et fait un dernier trajet avec sa chèvre ; ouf ! tout le monde est rentré sain et sauf !L’âne et les mouches : Notons M le nombre de mouches et A le nombre d’ânes.
On a 51 bêtes dans l’écurie, donc M+A = 51 (rappelons que chaque espèce n’a qu’une seule tête),
Soit : M = 51 – A
Comme les mouches ont 6 pattes ( et les ânes 4, oui, oui ),
On a par ailleurs : 6M + 4A = 300 Donc, 6 (51– A) + 4A = 300, et A = 3
Jérôme a donc trois ânes (et 48 mouches !).
« JE N’AVAIS QU’UNE SOEUR
ET VOILA QU’ELLE EST MORTE »
Alain Chamaillard, de la Forêt, nous a confié le « Cahier de récitations » de son grand oncle, Julien Bernajous, de la Branlerie, qui contient une vingtaine de « récitations ». Leurs auteurs ? Des poètes renommés pour la plupart : Boileau, Corneille, Fénelon, la Fontaine, Victor Hugo, Malherbe, Pascal, Racine.
Ce beau cahier de 48 pages, illustré en couverture de deux décalcomanies qui lui donnent de la couleur, contient aussi un poème à la mémoire d’une sœur, Marie, disparue en 1906, signé « J. Bruneteau », (c’est Jacques, 27 ans) frère aîné de Marie. Ils sont les enfants de Jacques Bruneteau, maçon, et de Marie Prioux, du Champ d’Anne-Marie. A Anne-Marie, on se souvient de cette famille Bruneteau frappée par la tuberculose au début du 20e siècle.
Voici ce témoignage d’une époque.
Chant de deuil à la mémoire
de ma chère Sœur Marie
(6 octobre 1906)
« Mais elle était du monde où les plus belles choses
Ont le père destin.
Et rose elle a vécu ce que vivent les roses
L’espace d’un matin »
(Malherbe)
Je n’avais qu’une Sœur et voilà qu’elle est morte
Elle est morte n’ayant encore que treize ans
Il en est trop hélas ! que le destin emporte
Aux premiers jours de leur printemps.
Je ne reverrai plus sa figure rieuse
Quand j’irai désormais au village natal.
Je n’entendrai plus jamais sa voix harmonieuse
Plus claire qu’un son de cristal.
Elle était douce et bonne ; elle était jeune et belle
Elle ne savait pas ce qu’était le péché
L’innocence brillait au fond de sa prunelle
Tout cela n’a rien empêché.
Mes parents l’adoraient n’ayant que cette fille
Et je l’aimais aussi certes infiniment.
Mais que font les amours de toute une famille ?
Le sort a fini son tourment.
Car elle a eu du tourment, ce fut grande misère.
Le mal durant dix mois sur elle s’acharna,
La souffrance grandit jusqu’à l’heure dernière
Où le souffle l’abandonna.
Jamais je n’oublierai dussé-je vivre un monde
L’affolante douleur qu’en ses yeux on lisait
Deux jours avant la fin quand la hideuse ronde
De la mort l’entretenait.
Oh ! ce regard navré qui reflétait son âme
En regard implorant mais aussi plein d’effroi.
Il a brûlé mon cœur comme une ardente flamme.
Je porte son angoisse en moi.
Avant que de la voir ainsi tant désolée
Je sens que je n’avais encore jamais compris
L’insondable malheur dont l’âme est accablée
Quand elle quitte son pourpris
La douleur de la chair n’est rien ou peu de chose
Près des tourments moraux du suprême moment.
Se voir mourir surtout à l’aube à peine éclose
Voilà le supplice effrayant.
Et ma sœur a connu cette affreuse torture
Dans toute son ampleur et son atrocité.
Elle a jusqu’à la lie et pourtant sans murmure
Bu le poison immérité.
La maladie avait, et cela sans mesure,
Fait fleurir sa raison et mûrir son esprit.
Ainsi l’avait voulu la cruelle nature
Pour que plus fort elle souffrit.
Longtemps elle garda la sublime espérance
De guérir et de vivre et d’avoir du bonheur.
Mais tout le dernier mois elle eut la présence
Du jour qu’on dit libérateur.
Et cette idée alors devint une hantise,
Voyant de désespoir son pauvre cœur souffrant
Elle a parlé souvent révoltée ou soumise
Mais toujours courageusement.
Elle a voulu choisir la place de sa tombe
Au fond du grand verger couvert d’arbres à fruits
Où tant de fois jadis innocente colombe
Elle avait joué près des buis.
Elle-même indiqua, pauvre enfant malheureuse
Ce qu’elle désirait avec elle au cercueil.
En suivant pas à pas sa route douloureuse,
Je sens encore grandir mon deuil.
Et puis elle ajoutait parlant à notre mère,
Qui voulait lui donner des espoirs superflus,
Tu viendras me causer à genoux sur la terre,
Mais moi je ne t’entendrai plus.
L’heure qu’elle annonçait est bien vite venue.
Elle dort à présent de l’éternel sommeil.
Ses beaux yeux que voilait sa peine continue
Ne reverront plus le soleil.
La chère ange depuis dans l’ombre est solitaire.
Au dehors le vent souffle et c’est la pluie à flots.
Quand je pense à cette eau qui tombe sur sa bière
Mon âme s’emplit de sanglots.
Pourtant il vaut bien mieux que malgré ma tristesse
Le destin l’ai fauchée en un geste brutal
Puisque sa maladie implacable et traîtresse
Devait avoir ce but fatal.
Les docteurs avaient dit qu’elle était condamnée
A vivre sans répit un martyre sans fin.
Elle devait vider la coupe empoisonnée
Jusqu’au terme de son chemin.
Le trépas seul pouvait être la délivrance
Il est enfin venu comme vient un sauveur
Messager du Hasard ou de la Providence
Je te bénis en ma douleur.
Je te bénis à toi de qui la douce aimée
A reçu le repos et le calme infini.
Maintenant qu’elle est là dans la tombe enfermée
Elle n’aura plus de soucis.
Dors en paix, ô ma sœur si longtemps opprimée.
Dors, vas, je t’aimerai toujours pieusement.
En moi ton souvenir, sainte fleur parfumée
Vivra jusqu’au dernier moment.
J. BRUNETEAU
Nout’ boulite
D’ma boulite, i vouet tout c’qui s’passe ! Chaque numéro de cette petite revue nous rappelle combien une boulite peut être un lieu d’observation sur ce qui se passe dans le voisinage.
la Boulite, notre petite revue, est aussi un lieu d’observation de ce qui se passe ou de ce qui s’est passé à Saint-Sauvant autour de l’histoire et du patrimoine. Il lui manquait un logo. Nous vous en proposons un avec ce numéro. Merci à l’une d’entre nous, Arlette, de son dessin d’une boulite pleine de soleil. Désormais nous avons nout’ boulite sû la Boulite.
De nout’boulite, nous avons jeté un œil sur plein de choses pour ce n° 9. Nous vous invitons à faire un tour dans la commune. Pour voir quelques belles pierres à Bois-le-Bon et un chantier à Anne-Marie.
Pour nous rappeler comment la mort pouvait frapper une très jeune fille au Champ d’Anne-Marie, ou un résistant à Vaugeton.
Pour remettre à l’honneur ce vieux plat traditionnel : le farci.
Pour découvrir deux maires « éphémaires » du début du 19e siècle : 8 mois de mandat pour l’un, 1 mois ½ pour l’autre. Pas triste !
Avec les mots croisés et une belle photo d’un vieux châtaignier voilà la Boulite n° 9 bouclée. Boulitez bien !
Désormais, en raison des congés d’été, la Boulite ne paraîtra plus autour du 15 septembre mais les premiers jours d’octobre. C’est encore l’automne. De même, le numéro du printemps paraîtra les premiers jours d’avril.
L’ équipe de la Boulite